JEAN GOSSAERT

LA VIERGE ET L’ENFANT
Chêne, 46 x 37 cm. Vers 1525.
Berlin – Gemäldegalerie der Staatlichen Museen.

1566 Jean GossaertLe tableau représenté sur le timbre de Noël 1970, est un chef d’œuvre de Jean Gossaert, le premier de nos peintres qui introduisit dans nos régions les principes fondamentaux de la Renaissance italienne. La date de sa naissance est inconnue, bien qu’il soit généralement admis qu’il a vu le jour en 1478 à Maubeuge dans le Hainaut, d’où son surnom de Mabuse.
Selon la coutume humaniste , il latinisa lui-même sa signature en Johannes Malbodius, mais les documents d’archives le citent successivement comme Jan de Waele, Jennin de Hainaut, Janin de Waele, Jehanin de Maubeuge et évidemment Jennin Gossart, cependant qu’Albert Dürer le cite dans son journal de route comme Johann de Abüse. Il n’a pas été établi où et par qui il reçut sa formation, mais il était déjà un maître dans son art lorsqu’il fut admis à la Gilde de Saint-Luc en 1503. Son succès était à ce point fulgurant, qu’il entra bientôt au service de Philippe de Bourgogne, amiral et évêque d’Utrecht, fils naturel de Philippe le Bon et frère consanguin de Charles le Téméraire. Il suivit son maître à Rome (1508-1509) où il entreprit l’étude des Anciens et fut très impressionné par le style de la renaissance et les théories des Humanistes. Il travailla ensuite pendant 15 années dans les villes résidentielles de son seigneur, principalement en Zélande, mais aussi à la Cour de Marguerite d’Autriche à Malines et plus tard, pour Adolphe de Bourgogne, marquis de Veere, qui avait sa Cour à Middelburg, résidence de Jean Gossaert jusqu’à sa mort en 1532. Les cours royales où il travailla étaient des centres de rayonnement culturel largement ouverts aux idées humanistes dans les domaines de la religion, de la philosophie et des arts.
Mabuse vécut au tournant de deux époques. Sa foi, sincère mais sans mysticisme, sa technique parfaite, son adresse au dessin et son coloris chatoyant il les doit aux maîtres du 15e siècle. Jean van Eyck était son idéal, mais après son voyage à Rome, il abandonnera progressivement l’esprit médiéval et les formules de style gothique dans lequel son art avait atteint sa maturité.
La Sainte Vierge supplante la figure du Christ. Les autres sujets bibliques cèdent le pas aux scènes mythologiques inspirées par l’Antiquité, exécutées d’après l’exemple des maîtres italiens, dans un style animé où l’anatomie et la plastique ont priorité sur l’esprit et la sensibilité. L’assurance sereine qui se dégage de ses portraits, démontre à suffisance que désormais Gossaert place l’homme au centre de la création.
Il voua à Notre dame un culte auquel il consacra une grande partie de son œuvre et créa ainsi, inconsciemment un modèle qui a été largement imité de par le monde. La Vierge et l’Enfant intitulé aussi la Madone à la Grappe est à maints égards un exemple parfait de l’idéal de Mabuse, au moment où il posséda dans toute l’expression du terme « la vraie manière » (selon les paroles de Karel van Mander). Observez comment l’image de Marie se détache d’une niche en pierre, telle une silhouette sculptée, donnant de la profondeur à l’œuvre. Ce souci du relief, de la forme dans l’espace, ronde et plastique telle une sculpture aux jeux de lumière – voyez la joue gauche – se perdant en subtiles gradations, est une des plus précieuses caractéristiques de son savoir faire. La couleur, éclatante et harmonieuse, lisse comme l’émail et translucide jusque dans les ombres, a hérité et conservé l’ardeur et l’éclat des Primitifs Flamands.
La ligne, sémillante et d’une souplesse inégalée, embrasse cette sculpture robuste d’un jeu capricieux de plis, de boucles et d’arabesques qui reflètent la virtuosité et annonce le maniérisme de l’Ecole Anversoise. La dévote retenue des Vierges brugeoises du siècle précédent n’est plus dépassée. La sainte Vierge est devenue l’image idéale de la beauté féminine, de l’amabilité et de la pureté, la bouche trahissant la joie de vivre. Devant cette œuvre, l’esprit de toute une époque nous saisit. Mabuse a été pour son temps un novateur, un maître génial qui, sans doute, vint au monde quelque peu en dehors de son temps.

POUR RECHERCHER UN SUJET

SOMMAIRE DE LA PEINTURE - ACCUEIL - HOME

Attention !
Pour tout renseignement concernant la PHILATÉLIE, il vous sera toujours répondu si vous vous adressez à PHILAGODU,
soit par mail (cliquez sur "
contacts"), soit par fax au 02/503 38 11
Pour toute question portant sur les thèmes culturels abordés dans ce site, nous vous invitons à contacter les organismes directement concernés.