La légende de Gustine Maca et des Macrâlles

Un jour – il y a tellement longtemps que personne ne saurait plus préciser la date – des jeunes gens à la recherche de myrtilles, ces fruits sauvages si savoureux que l'on trouve dans nos forêts d'Ardenne, se rendirent au Bonalfat, massif boisé aux abords de Vielsalm.

Cette année-là, l'hiver ayant été très rude et les gelées s'étant prolongées tard dans le printemps, les myrtilles n'étaient pas abondantes. Après avoir cherché en vain pendant des heures et des heures, Gengoux, le chef de la petite troupe décida qu'il valait mieux retourner bredouille que de continuer à chercher dans la nuit ces baies introuvables.

En redescendant du Bonalfat, nos jeunes gens rencontrèrent Gustine Maca, une vieille femme pittoresque qui passait pour être « Macrâlle  », terme wallon désignant une sorcière, une jeteuse de sort, une personne maléfique.

Cette rencontre n'aurait rien eu d'extraordinaire, si Gustine Maca n'avait été porteuse d'un « tchenna » (panier) rempli de myrtilles. Alors que ces fruits étaient à ce moment quasi introuvables dans les bois, c'était là quelque chose dépassant les limites du naturel, qui ébahissait les jeunes gens.

A les voir ainsi pétrifiés d'étonnement, Gustine rit sous cape et leur dit d'un air entendu : « Vino beur on p'tit henna et magni do « tcha-tcha » - sorte de nectar fait de myrtilles fraîches écrasées).

Les jeunes gens ne purent résister à une invitation si tentante et s'empressèrent de suivre Gustine. Mal leur en prit, car ces myrtilles miraculeuses étant «emmacrâllées» (ensorcelées), ils furent transformés à leur tour en «macrâlles».

Désormais, ils étaient dotés de tous les pouvoirs de sorcellerie attribués aux «macrâlles»: faire pousser les «moffioules» (taupinières) dans les propriétés, jeter des «holines» (chenilles) dans les haies, faire tourner le lait des vaches, provoquer des orages et des grêles sur les récoltes, etc. La « macrâlle » s'intéressait à tout ce qui se passait dans la région, principalement aux cancans, aux méchancetés, aux travers des gens et aux détails croustillants de leur existence.

Ces évènements du quotidien, elle les notait soigneusement dans un carnet noir pour les débiter au sabbat, cérémonie où toutes les femmes ou filles qui étaient « macrâlles » se réunissaient en une sarabande de chants et de danses se prolongeant bien tard dans la nuit. Pour participer au sabbat, la « macrâlle  » devait absorber du « tcha-tcha », puis enfourcher son balai et prononcer la phrase rituelle «  Sôte, mirôte, oût’ hâyes et bouchons » (Saute, chat, par-dessus les haies et les buissons) pour s'envoler à travers les airs vers le lieu du sabbat.

A Vielsalm, un champ porte encore le nom de « Champ des Macrâlles », lieu de sabbat.

La légende de Gustine Maca et des Macrâlles est évoquée chaque année, dans la soirée du 20 juillet, au cours d'un sabbat reconstitué dans un décor dantesque par le groupe folklorique « Les Macrâlles du Val de Salm », en présence de milliers de spectateurs.

(D'après la documentation du groupe folklorique

(Les Macrâlles du Val de Salm)

http://www.ardennesmagazine.be/reportages/region_b/vielsalm/viel_0507_21juillet/article.htm

 

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